Phalaenopsis sumatrana
  (Korth. ex Rchb.f 1860)
Phalaenopsis sumatrana est considéré comme un nomen conservandum. Cette classification permet de sauvegarder des noms botaniques qui contribuent le mieux à la stabilité de la nomenclature.
Phalaenopsis de Sumatra
Origine : île de Sumatra (province de Sud Sumatra, ouest Sumatra et Aceh), Myanmar, Java, Bornéo, Thaïlande, Vietnam, Malaisie, Philippines
Descriptions originales ici
Synonymes principaux

Phalaenopsis zebrina (Teijs & Binn 1863)

Phalaenopsis acutifolia (Linden 1886)

Polychilos sumatrana (Shim 1982)

Description
     Plante épiphyte, exceptionnellement lithophyte, à tige très courte, complètement recouverte par l'imbrication de la base des feuilles.
     Racines nombreuses, souples, glabres.
     Feuilles étalées ou pendantes, charnues, obovales ou obovales-oblongues ou oblongues-elliptiques, un peu aiguës, canaliculées, d'un vert intense, longues de 15 à 30 cm, larges de 4 à 11 cm.
     Pédoncule étalé ou ascendant, robuste, vert, aussi long que le feuillage ou plus court, portant 2 à 6 fleurs ou parfois plus, rarement rameux. Bractées petites, charnues, triangulaires, vertes, carénées dorsalement.
     Fleur large de 5 à 6 cm, à segments très étalés. Sépales et pétales semblables et presque égaux (pétales un peu plus petits),largement oblongs-
 

lancéolés à elliptiques-lancéolés, aigus, charnus, luisant.
    Les sépales sont carénés dorsalement vers l'apex, les pétales un peu plus étroits et cunéiformes.
    Labelle plus court que les sépales, étalé, très brièvement onguiculé, profondément trilobé. Lobes latéraux charnus, dressés et connivents, ligulés, a sommet tronqué et bidenté, à face externe munie d'une carène aiguë et oblique, à face interne avec un callus bien marqué. Lobe médian très épais et charnu, presque demi-cylindrique, oblong, à face supérieure munie d'une crête très épaisse et fort proéminente, très densément velue dans sa moitié supérieure, à face intérieure un peu concave avec un sillon médian. Entre les lobes latéraux, le disque est muni d'un appendice charnu, multifide, et, plus avant, d'un autre appendice un peu plus long et bifide.
    
Colonne semi-cylindrique, bord du clinandre largement ailé, finement denticulé et frangé. Anthère surmontée d'une large aile circulaire et charnue. Pédicelle de 4 cm.

Colonne Phal.sumatrana (Sweet)
Labelle Phal.sumatrana (Sweet)
Labelle d'une fleur fraîche de Phalaenopsis sumatrana
-Dessin de Frédéric Kirsch-
Labelle d'une fleur fraîche de Phalaenopsis sumatrana var. paucivittata
-Dessin de Frédéric Kirsch-
Le lobe médian du labelle est variable en couleur, les stries rouge violacée étant plus ou moins étroites
Observations
     Très variable en couleur. Segments floraux blanc/crème teinté de vert, barrés transversalement de rouge/brun. Lobes latéraux du labelle blancs avec une grande macule orange au milieu au niveau du callus. Lobe médian blanc avec quelques stries mauves longitudinales voire presque totalement coloré.
    
Floraison tout au long de l'année, avec un pic au printemps.
    
La fleur est très parfumée et dégage une forte odeur de sureau, surtout dans la matinée. La plante produit souvent plusieurs hampes florales.
    
Se plaît dans les forêts chaudes, humides, sur les troncs plutôt que sur les branches, au-dessus des courants d'air humides ou des cours d'eau, en association avec le Phalaenopsis violacea.
    
La floraison du Phalaenopsis sumatrana est d'une durée exceptionnelle. La fécondation, dans la nature, de cette plante parait être un événement rare, ce qui expliquerait la longévité des fleurs attendant longtemps l'agent pollénisateur.
 
Historique

     Découvert par Gerssen, collecteur pour Teijsmann en 1859 en mélange avec des Phalaenopsis violacea. Un seul exemplaire survécut, qui fleurit en 1860 au jardin botanique de Leyde sous le nom de Phalaenopsis zebrina. Introduit en Angleterre en 1864 par les établissement Low & Cie, il fleurit pour la première fois dans la collection de John Day. C'est cette plante qui est illustrée dans Curtis's Botanical Magazine.
    
La première illustration non publiée par Korthals, botaniste hollandais (1807-1892), avant 1839 (sans doute 1833) décrit en fait un Phalaenopsis inscriptiosinensis et non l'espèce connue actuellement sous le nom de Phalaenopsis sumatrana. C'est donc sous le nom d'inscriptiosinensis que l'on devrait normalement le désigner pour respecter la règle de l'antériorité. Néanmoins, l'usage prévaudra sans doutes et le nom de Phalaenopsis sumatrana continuera de s'appliquer à cette espèce.

Dessin non publié de Korthals à l'origine de la description de Phalaenops sumatrana. Ce dessin représente en fait un Phalaenopsis inscriptiosinensis. Pour s'en convaincre il suffit de regarder la longueur des tiges florales. courtes chez Phalaenopsis inscriptiosinensis, beaucoup plus longues chez Phalaenopsis sumatrana.
     La différence n'est pas toujours immèdiatement évidente entre un Phalaenopsis corningiana et un Phalaenopsis sumatrana. Encore une fois l'observation attentive du callus peut fournir la clè. D'après les dessins de Sweet il apparait que la crête médiane du lobe médian est plus longue chez Phal. sumatrana et que ce même lobe médian est plus arrondi chez sumatrana. La similitude des autres éléments est tout de même troublante. Le parfum des deux espèces est très différent.
Phalaenopsis corningiana
Labelle de Phal. corningiana (Sweet)
Labelle Phal.sumatrana (Sweet)
Variétés botaniques
     Phalaenopsis sumatrana var.alba (Wilson 1915)
fleur blanche, labelle délicatement strié de lie-de-vin de chaque côté du lobe médian. Lobes latéraux jaune clair.
 
     Phalaenopsis sumatrana var.paucivittata (Rchb.f 1882)Synonyme. Phalaenopsis paucivittata ( Fowl.1985).Segments d'un blanc laiteux, ornés de quelques barres brun/rouge. Deux stries mauves de chaque côté du lobe médian. Trés rare dans la nature. Ce Phalaenopsis est parfois connu aux îles Philippines sous le nom de Phalaenopsis bartonii.
     Sous toute réserve et sans autre document iconographique disponible jusqu'à présent, cette plante originaire des Philippines pourrait être un Phalaenopsis sumatrana var paucivittata. La croissance est très lente et délicate. L'aspect végétatif du feuillage évoque quelque peu le Phalaenopsis tetraspis, mais les deux bandes colorées ornant de part et d'autre le lobe médian du label sont totalement absente chez ce dernier. D'autre part, les segments floraux sont plus larges que chez le Phalaenopsis sumatrana type et la fleur s'épanouit moins largement. Tout avis sur la question serait le bienvenu.
Un autre Phalaenopsis sumatrana var. paucivittata-culture et photos René Dumas-
 
Phalaenopsis sumatrana ou Phalaenopsis zebrina
En 1860 Heinrich Witte, un botaniste néerlandais en charge du Jardin Botanique de Leyde, décrivit une nouvelle espèce de Phalaenopsis dans Annales d'Horticulture et de Botanique ou Flore des Jardins du Pays-Bas ; le Phalaenopsis zebrina (voir la description). Cette plante avait été collectée par Gersen qui travaillait pour Teisjmann du Jardin Botanique de Bogor, lequel avait envoyé la plante sous le nom de Phalaenopsis zebrina à Leyde (en même temps que la première plante de Phalaenopsis violacea).
Plusieurs années auparavant (avant 1839) Pieter Willem Korthals avait collectéun phalaenopsis bon identifié dans la région de Moeara Enim dans la province de Palembang dans le sud de Sumatra et en avait fait un dessin que Reichenbach fils avait pu voir à Leyde en 1856 sans avoir l'autorisation d'en faire une copie. Quelques mois plus tard il avait pu étudier une copie de ce dessin dans la collection de Lindley à Twinham Green et c'est sur la base de ce dessin qui représentait en fait un Phalaenopsis inscriptiosinensis qu'il avait décrit Phalaenopsis sumatrana au mois de mars 1860 dans Hamburger Garten- Blumenzeitung quelques mois avant que ne paraisse la description de Witte qui décrivait, lui, ce que l'on peut considérer comme la "vraie" plante de Phalaenopsis sumatrana.
Bien que les deux noms d'espèces soient utilisés aujourd'hui, le Congrès international de botanique a conservé le nom de Phalaenopsis sumatrana Korthals & Rchb. f. basé sur le type de "Phalaenopsis zebrina" (code international de nomenclature botanique, 2006). Cela signifie que le seul nom accepté pour l'espèce est Phalaenopsis sumatrana.
Phalaenopsis zebrina, copie du dessin original de Teijsmann
Dictionnaire Iconographique des Orchidées
Lindenia
Evolution moyenne des températures, de la pluviométrie et de l'humidité relative en Malaisie, région de Mersing
 
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