Maladies à virus
Symptômes
     Des décolorations jaunâtres du limbe évoluant en nécroses constituent les symptômes les plus visibles d'une infection virale. Cependant,ces symptômes sont variables et dépendent autant de l'hôte que des conditions extérieures, lumière, température, nutrition. Le temps qui s'écoule entre l'infection et l'apparition des symptômes varie aussi en fonction de ces paramètres.

     Habituellement sur les Phalaenopsis, l'apparition d'un virus se traduit sur le feuillage par des taches nécrotiques ou chlorotiques jaunâtres puis noirâtres, ovales, plus ou moins allongées, plus marquées à la face dorsale. La croissance est moins vigoureuse, les fleurs peuvent présenter des décolorations, voire des déformations marginales. En cas d'attaque très sévère, les feuilles chutent pratiquement au fur et à mesure de l'apparition de leurs remplaçantes. Néanmoins, une plante peut receler un virus détecté sans laisser paraître le moindre symptôme pendant des années.

Tospovirus
 
Historique
     La première infection virale sur une orchidée a été décrite en 1943. En 1967, on dénombrait 6 virus attaquant les orchidées, nombre ramené à 2 en 1975 quand les progrès de la recherche permirent de s'apercevoir que seuls le virus de la mosaïque du Cymbidium et celui de la mosaïque du tabac étaient responsable de ces 6 maladies.

    Par la suite, de nouvelles avancées permirent de porter à 20 le nombre de virus recensés sur orchidées.

Qu'est-ce qu'un virus?
     Les virus sont des composés d'acide nucléique qui en est la partie infectieuse, et de protéines qui servent de protection. Leur taille est de 300 nanomètres de long( un nanomètre = un milliardième de mètre), pour 18 nanomètres de large pour le virus de la mosaïque du tabac, et de 450 nanomètres de long pour 13 nanomètres de large pour le virus de la mosaïque du Cymbidium.

     Le virus de la mosaïque du Cymbidium (CyMV) est le plus répandu. Il s'attaque en outre aux Cattleya, aux Dendrobium etc...Ce virus n'est détectable que plusieurs semaines après son installation. On détecte aussi la présence du virus de la tache ronde de l'Odontoglossum ou ORSV pour Odontoglossum ringspot virus.

Virus de la mosaïque du tabac
Déterminer un virus avec certitude

     Trois méthodes de détection sont en concurrence, l'indexation biologique, les tests sérologiques, et le microscope électronique. Avec cette dernière, la détection est facile car la concentration de virus dans les tissus est élevée. Plus à la portée de tout un chacun, les deux autres systèmes de détection n'offrent pas de difficulté particulière mais sont réservées tout de même à des laboratoires spécialisés ou à des amateurs très équipés.

     Les tissus à tester doivent être prélevés sur différentes feuilles de façon à ce que l'on dispose d'échantillons de tout âge. Les extrémités des feuilles jeunes sont à proscrire car la concentration en virus est normalement plus faible dans les tissus en formation. Dans les feuilles plus âgées, le virus est plus uniformément distribué.

     L'indexation biologique consiste à transférer l'éventuel virus de la plante qui doit être testée vers une autre qui réagira rapidement à la présence de ce virus en développant des taches jaunâtres puis nécrotiques. A cette fin, plusieurs plantes sont utilisables, les plus classiques sont le Cassia occidentalis, le Datura stramonium, le Chenopodium amaranticolor, le Chenopodium quinoa, le Tetragonia expansa, plusieurs espèces de tabac. Ce sont des plantes de culture facile, à la croissance rapide qui extériorisent vite les symptômes viraux. On inoculera le virus de préférence aux jeunes feuilles.

     Le matériel pour pratiquer ce genre de test est simple et peu coûteux. Il faut utiliser une solution à 5% de phosphate de potassium (K2HPO4), de la poudre de Carborundum, un mortier et son pilon, des cotons tiges. Les portions de feuilles à examiner doivent être découpées avec une lame de rasoir stérilisée, puis sont écrasées dans le mortier avec quelques gouttes de phosphate de potassium. Ce produit est destiné à augmenter l'agressivité du virus et son usage n'est pas indispensable. Il peut être remplacé par quelques gouttes d'eau distillée stérilisée.

     Avec la poudre de Carborundum qui a une action abrasive sans toutefois léser profondément les tissus, on frotte légèrement la feuille de la plante qui va recevoir cette préparation. On badigeonne ensuite largement cette surface avec le coton tige imbibé du liquide obtenu dans le mortier. La réaction est visible normalement quelques jours plus tard, mais selon les conditions extérieures il faut parfois attendre 2 à 3 semaines.

     La seconde méthode de détection est le test ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay). Utilisé pour la première fois en 1971 pour la détection d'antigènes d'intérêt médical, ce test sérologique a été développé pour les végétaux quelques années plus tard. Dans cette méthode, le virus est capté de façon sélective puis fixé par un anticorps spécifique adsorbé sur une surface rigide. La réaction du virus ainsi fixé est alors intensifiée par un nouvel apport de l'anticorps spécifique auquel est préalablement couplée une enzyme. Après rinçage, l'anticorps couplé à l'enzyme ayant réagi en complexe avec le virus est détecté par coloration. En cas d'absence du virus dans l'extrait a examiner, l'enzyme couplé à l'anticorps ne sera pas retenue. Il n'y aura pas de coloration. Pour les amateurs, les laboratoires ont crée des kits faciles d'emploi et d'un prix très accessible. Pour les professionnels ou les organismes spécialisés qui doivent régulièrement tester une grande quantité de plantes, le matériel est un peu plus complexe.

     Plus spécialement au printemps, certains symptômes peuvent faire croire à une attaque de virus. Il peut ne s'agir que d'une atteint des cellules du mésophylle**. Ces dommages apparaissent en fait environ 6 semaines après que les plantes aient été exposées à des températures basses. Les décolorations jaunâtres du début laissent place à des taches jaunes, creuses, sur les feuilles anciennes. Il y a ensuite brunissement. Deux heures à 8°c suffisent à provoquer ces dégâts qui ne sont pas généralisés. Seules certaines plantes peuvent être atteintes alors que d'autres résisteront sans problèmes à une température de 2°c pendant 8 heures. L'eau de condensation en retombant sur le feuillage serait susceptible de donner les mêmes symptômes. Les feuilles produites ultérieurement sont normales, ce qui permet d'écarter la possibilité d'une attaque virale.

Le virus de Taïwan n'existe pas
     L'explosion des cultures de Phalaenopsis n'est pas un phénomène qui est passé inaperçu auprès des horticulteurs. La production de jeunes plante étant insuffisante les horticulteurs ont du importer de jeunes plantes issues de culture asiatique ( de Taïwan essentiellement mais aussi d'Indonésie, de Malaisie, de Thaïlande de Chine, d'Indes et du Japon).
     Le mauvais état sanitaire des jeunes plantes importées, voire des adultes, a immédiatement attiré l'attention des praticiens qui se sont empressé de désigner un coupable, le virus de Taiwan.En fait, après plusieurs analyses les phytopathologistes on pu montré que le virus de Taiwan n'existait pas mais qu'il fallait incriminer le virus de la "chlorose du capsicum" (CaCV, ne pas confondre avec un autre acronyme le CaCV responsable du circovirus du canari) appartenant au genre Tospovirus et qui a été identifié pour la première fois dans les poivrons et les tomates par des scientifiques australiens. Ce virus est transmissible par des thrips communs en Asie, en particulier le thrips palmi. Son développement en Europe serait donc théoriquement limité... Le CaCV se retrouve sur de nombreuses cultures ; tomate, poivron, arachide, Hoya, Gloxinia, Zanthedeschia etc
     Lors des tests, peu de plantes ont été trouvées infectées par ce virus alors que sur d'autres, plus nombreuses ont été testées porteuses de l'Odontoglossum ringspot virus (ORSV) et du Cymbidium mosaic virus (CymMV) 33% des plantes étudiées. On a aussi trouvé en moindre quantité la présence d'Impatiens necrotic spot virus (INSV) 4/5% et de Tomato spotted wilt virus (TSWV). Les confusions faciles entre les symptômes de ces différents virus fait que leur détermination précise n'est possible qu'après analyse. Il n'en reste pas moins que la qualité des plantes importées est plus que sujette à caution.
      Dans l'ensemble, les producteurs ne mettent pas suffisamment en œuvre des protocoles d'hygiène strictes permettant, sinon d'éradiquer, du moins de contrôler en partie l'expansion de ces maladies ; désinfection du matériel entre autres. Les producteurs de jeunes plantes, et en particulier de plantes clonées qui représente l'écrasante majorité des Phalaenopsis cultivés ne porte qu'une attention insuffisante à la qualité sanitaire des plantes-mères.
Lutter contre les viroses

     L'agent pathogène est véhiculé par des moyens mécaniques au moment des rempotages ou de la coupe des fleurs, lorsque l'on n'utilise pas d'outils désinfectés. l'eau de récupération, les pots usagés, les insectes comme les thrips ou les pucerons sont également des vecteurs de transmission qu'il ne faut pas négliger. Lors des rempotages, il faut impérativement porter à la flamme, pendant plusieurs secondes, et entre chaque plante, tous les outils que l'on utilise pour couper les vieilles racines, les tiges que l'on ne conserve pas. Les lames utilisées pour la coupe des fleurs doivent être stérilisées au four à 150°c pendant une heure. On peut également utiliser des liquides désinfectants, comme une solution de phosphate trisodique saturée, ou des solutions chlorées ou bien encore des formules contenant de l'hydroxyde de sodium ou du formol.

     Pour l'avenir, la recherche de variétés résistantes laisse transparaître des possibilités intéressantes, mais dans l'immédiat, seules des précautions sanitaires strictes peuvent permettre la limitation de la diffusion des virus.

     Il n'y a pas de lutte chimique contre les virus mais plusieurs techniques existent pour permettre de déterminer la présence de virus même en l'absence de symptômes, ce qui permet d'isoler les plantes s'il s'agit de sujets d'exception réservés par exemple pour la reproduction* ou de les éliminer. Deux de ces procédés, l'emploi de plantes-tests et les tests ELISA, sont facilement accessibles, le troisième, l'utilisation de microscopes électroniques, est réservé à des gros laboratoires.

     La désinfection des pots à l'eau de Javel suivie d'un rinçage à l'eau claire ou d'un séchage prolongé, la désinfection régulière des tablettes et de tout le matériel sont indispensables. Il ne faut pas perdre de vue que les virus peuvent persister plusieurs années en gardant toute leur agressivité. Les fumeurs ne doivent pas oublier de se savonner soigneusement les mains avant de manipuler les plantes, bien qu'il ne soit pas prouvé de manière irréfutable que le virus de la mosaïque du tabac se transmette par cette voie. Quelques spécialités virucides font leur apparition pour la désinfection du matériel de culture. Leur utilisation est pour l'instant réservée au professionnel.

     Des essais sont en cours pour régénérer des plantes atteintes de CyMV, en traitant des excisions très fines de tissus infectés avec un antisérum.

*Les graines issues de plantes virosées sont tout à fait indemnes de maladie. Par contre, le pollen d'une plante infectée contamine une plante saine.

** Le mésophylle est la partie moyenne du limbe de la feuille, entre les épidermes.

 
 
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