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Phalaenopsis aphrodite (Rchb.f 1862)
 
Phalaenopsis d'aphrodite
Origine : Philippines, Taïwan, Sulu
 
Descriptions originales ici
 
 
 
Synonymes principaux

Visco-aloes luzonis decima quarta (Kamel 1704)

Phalaenopsis amabilis (Ldl 1838)

Phalaenopsis amabilis var.longifolia ( Hort 1845)

Phalaenopsis amabilis var.rotundifolia ( Hort 1845)

Phalaenopsis ambigua (Rchb.f. 1862)

Phalaenopsis erubescens ( Burb. 1876)

Phalaenopsis amabilis var.dayana ( Hort 1881)

Phalaenopsis amabilis var.erubescens ( Burb. 1882)

Phalaenopsis amabilis var.ambigua ( Burb. 1882)

Phalaenopsis amabilis var.aphrodite subvar.dayana (Ames 1908).

Phalaenopsis babuyana ( Hort 1941)

Phalaenopsis formosana ( Hort 1941)

Description
 
     Plante épiphyte, à la tige courte complètement recouverte par l'imbrication de la base des feuilles, aux racines abondantes, charnues, glabres, aux extrémités violacées.
     Feuilles elliptiques-oblongues, d'un vert foncé uniforme à la face supérieure, à reflets violacés où cuivre à la face inférieure, de grandeur très variable, de 20 à 40 cm de longueur, sur 5 à 8 cm de largeur, obtuses, rarement arrondies.
     Pédoncule arqué ou ,pendant, simple, parfois rameux, vert ou vert moucheté de violacé, multiflore, long de 60 cm à un mètre. Rachis en zigzag.
     Bractées de 5 mm, triangulaires.
     Sépales très étalés, blanc, le supérieur oblong, obtus, les latéraux divergents, ovales- falciformes, aigus, carénés à la face inférieure. Pétales blancs, largement rhomboïdes, très obtus, deux fois plus larges que les sépales
      Labelle beaucoup plus petit que les sépales, profondément trilobé, avec le callus et la partie basilaire des lobes latéraux suffusionnés et ponctués de violet, teinté de jaune pâle de chaque côté, lobes latéraux onguiculés, largement ovales, ascendant et incurvés, lobe médian largement hasté, à angles basilaires très aigus et portant au sommet deux longs cirres récurvés et flexueux. Crête du callus bilobé, à lobes digités, jaunes et maculés de rouge.
     
Colonne courte, arrondie, blanche. Pédicelle de 3,5 cm.
      La hampe florale commence à se ramifier sur des sujets bien installés.
 
Labelle et callus de Phalaenopsis aphrodite (Sweet/Quisumbing)
Labelle d'une fleur fraîche de Phalaenopsis aphrodite -Dessin de Frédéric Kirsch-
 
                  Observations
    Floraison en culture possible toute l'année, mais plus fréquente au printemps. Le Phalaenopsis aphrodite à une aire naturelle de distribution bien plus restreinte que celle du Phalaenopsis amabilis et il fleurit tout au long de l'année dans son milieu naturel constitué par des forêts primaires et secondaires à une altitude avoisinant les 300 mètres.
      Il a pratiquement disparu de la nature à Taïwan, aussi bien sur l'île principale que sur les îlots adjacents.
      En 1843 envoyé pour deux ans en Chine par la Société Horticole de Londres Robert Fortune, aussi connu pour avoir "dérobé" le thé aux chinois,fit une étape dans l'île de Luzon. Il y collecta ce qu'il pensait être des phalaenopsis amabilis et avait promis une récompense de un dollar pour qui lui ramenait le plus beau spécimen. Les deux gagnants ramenérent un exemplaire qui portait de 10 à 12 tiges florales ramifiées avec plus d'une centaine de fleurs. Les plantes collectées était des Phalaenopsis aphrodite, Phalaenopsis amabilis étant absent de Luzon. En savoir plus sur cette anecdote.
      C'est une des 45 plantes récoltée par Fortune et arrivée vivante en Europe qui est le premier phalaenopsis à avoir fleuri en France dans les serres de Pescatore à La Celle Saint-Cloud en juin 1848 sous le nom de Phalaenopsis amabilis.
      Lors d'une vente aux enchères chez Stevens en 1855, le specimen rapporté par Fortune fut acquis par le duc de Devonshire pour 63£. En comparaison une plante de Laelia superbiens avec 220 pseudobulbes et mesurant plus de 5 mètres de diamètre ne fut vendue que 36£. L'acquéreur était M. Fairrie de Liverpool qui donna son nom au Paphiopedilum fairrieanum.
Aire de répartition de Phalaenopsis amabilis et de Phalaenopsis aphrodite.
Illustration du Phalaenopsis aphrodite dans The Orchid World, décembre 1915
 
Historique

     Le premier européen à reporter l'existence de Phalaenopsis aphrodite est un jésuite, Georg Joseph Kamel (1661-1706). Rentré dans les ordres en 1683, il fut, envoyé dans les îles du sud-est asiatique. A ses talents de botaniste il ajoutait un sens artistique certain et il devint le premier spécialiste des plantes des îles Philippines. En bonne place figurait le Phalaenopsis aphrodite qu'il décrivait avec le langage du XVII iéme siècle comme une colombe. Les travaux de Kamel furent négligés par Linné qui les jugeait : "descriptiones imperfectae. Florum nulla noticia" et le Phalaenopsis aphrodite ne parut pas dans la première liste d'orchidées figurant dans son "SPECIES PLANTARUM»

Ci-dessous la première description faite par Kamel de Phalaenopsis aphrodite sous le nom de Visco-aloes luzonis decima quarta dans l'ouvrage de John Ray (1627-1705), en annexe du troisième volume de son Historia Plantarum en 1704. Pour être complet soulignons que l'intitulé exact de ce supplément est simplement le suivant:
Joannis Raii, Societatis Regiæ Socii, Historiæ Plantarum TomusTertius Qui Est Supplementum Duorum præcedentium:Species omnes vel omissas, vel post Volumina illa evulgata editas, præter innumeras fere novas & indictas ab Amicis communicatas complectens: cum Synonymis necessariis, Et Usibus in Cibo, Medicina, & Mechanicis: Addito ad Opus consummandum Generum Indice copioso. Accessit Historia Stirpium ins. Luzonis & reliquarum Philippinarum a R.P. Geo. Jos. Camello, Moravo-Brunensi, S.J. conscripta. Item D. Jos. Pitton Tournefort, M.D. Parisiensis, & in Horto Reg. Botanices Professoris, Corollarium Institutionum Rei Herbariæ
     Cette espèce fut redécouverte en 1836 par Cuming qui l'envoya en 1837 à Rollisson, horticulteur anglais installé à Tooting dans le sud de Londres. Une seule plante arriva vivante et fleurit dés l'automne de la même année. A ce moment,  Lindley confondit cette espèce avec Phalaenopsis amabilis. Lorsque dix ans plus tard le véritable Phalaenopsis amabilis fut introduit à son tour, Lindley le crût une espèce inédite qu'il nomma Phalaenopsis grandiflora (ici illustré dans l'Horticulteur Français de 1860). Cette double erreur s'est propagée chez de nombreux cultivateurs d'orchidées et même dans certain ouvrages, bien que la situation fut rectifiée et clarifiée par Reichenbach dés 1862. Malheureusement, les horticulteurs anglais alors maîtres de l'orchidophilie n'acceptèrent pas tous un avis venant d'un allemand. Cette attitude a encore des conséquences de nos jours, car quoique tous les botanistes, même les anglais, soient d'accord depuis 1960, l'autorité qui enregistre les hybrides a ignoré jusqu'en 2003 l'existence de Phalaenopsis aphrodite. Jusqu'à cette date toutes les variétés blanches ne descendent donc officiellement que de Phalaenopsis amabilis.
       A Taïwan cette espèce a été récoltée pour la première fois par des botanistes japonais en 1897 sur l'île de Lanyu (l'Île aux Orchidées) au large de la côte orientale. Elle n'était pas rare dans les régions montagneuses du sud de l'île principale.

Illustration du Botanical Register
Variétés botaniques
     Phalaenopsis aphrodite subsp.formosana (Christ 2001) Synonymes : Phalaenopsis formosana ( Miwa 1941), Phalaenopsis babuyana (Miwa 1941), Phalaenopsis formosum (Hort), Phalaenopsis amabilis var formosana (Shimadzu 1921)
     Endémique de Taïwan (ile principale plus Babuyan, Lan-Yeu, Lu-Tao). Feuillage vert pomme, fleurs plus petites que le type, mais plus nombreuses sur une hampe florale très ramifiée. Largement multiplié pour la plante fleurie dans les années 1990.
Probablement éteint sur l'île principale.
L'influence de Phalaenopsis aphrodite se fait nettement sentir sur cet hybride direct avec Phalaenopsis Chamonix. Bonne présentation des fleurs sur une hampe florale courte, bonne forme de la fleur, atténuation significative du coloris jaune dans le labelle.
Chamonix influence quant à lui la dimension de la fleur.
Phalaenopsis aphrodite dans The Botanist en 1839 sous le nom erroné de Phalaenopsis amabilis
C'est la seconde floraison de la plante qui fleurit pour la première fois chez Rollisson l'année précédente.
Une anecdote avec Phalaenopsis aphrodite
      Edmond Plauchut (1824-1909) est un journaliste et un aventurier français. Journaliste républicain à Angoulême en 1848, il s'expatria volontairement à la suite de la chute de la République en 1852 et partit vers Singapour et Manille.
     Dans un long article qu'il écrivit dans la Revue des Deux Mondes en 1895 il évoque ses rencontres avec les orchidées, puis, plus loin rapporte une histoire dont l'un des protagonistes est le Phalaenopsis aphrodite :
" Les jours où j'avais la chance d'en découvrir dans les forêts vierges de l'Archipel des Philippines, ces jours-là étaient des jours de fête et de tristesse. De fête, parce que rien n'est plus agréable à surprendre qu'une orchidée en plein épanouissement dans le berceau de verdure où Dieu la fit naître ; de tristesse, parce que, au temps où ces bonnes fortunes m'arrivaient, le manque de relations rapides entre les îles espagnoles de la mer de Chine et l'Europe m'ôtait la possibilité de son envoi en France […]
     Non loin du détroit de la Sonde, dans l'île de Luçon, où se rencontrent de superbes orchidées, si les légendes sont rares, du moins on y entend des histoires qui, en raison du sujet qui nous occupe, trouveraient ici leur place. Nous n'en voulons citer qu'une seule, relatée souvent devant nous, lorsqu'un Indien, pour se faire bien accueillir de sa brune maitresse, déposait à ses pieds une brassée d'ylang-ylang , feuilles odorantes d'un vert pâle, et fort semblable à celles de la verveine.
     On était au début de l'occupation espagnole, lorsqu'un tagale, chef d'une tribu, fut arrêté au moment où, armé de son kriss empoisonné, il cherchait à frapper l'un des capitaines européens. On allait fusiller le meurtrier sur place, lorsqu'il vit, à quelques pas de lui une femme jeune et blanche, regardant avec une grande attention des fleurs qui, pour elle, étrangère, était certainement nouvelles.
     Le tagale les considéra avec dédain, donnant par-là à comprendre à la femme européenne que, dans les montagnes environnantes, il y en avait de plus belles.
     " sous bonne escorte, si vous voulez, donnez-moi quelques jours de répit, et je le jure, dit-il à ceux qui l'entouraient, de vous apporter ici la plus odorante des feuilles et la fleur la plus belle de toute la terre ".
     Il s'exprimait avec une telle apparence de franchise, ses yeux témoignaient d'une telle loyauté, que sa proposition fut acceptée. Il s'élança dans la direction du Mariveles, une montagne voisine de Manille, et, quelques jours après, il en revenait avec une gerbe d'ylang-ylang, au centre de laquelle s'épanouissaient les fleurs blanches et roses de l'orchidée Phalaenopsis, une des merveilles de la flore tropicale.
     Les espagnols, qui ne furent jamais cruels envers les indigènes des Philippines, firent grâce de la vie au Tagale. La fleur fut appelée Fleur de la rédemption".
Phalaenopsis aphrodite illustré sous le nom de Phalaenopsis amabilis dans l'horticulteur Belge en 1838. C'est l'exacte reproduction inversée de la planche éditée par le Botanical Register la même année.
 
Evolution moyenne des températures, de la pluviométrie et de l'humidité relative aux Philippines au niveau de la mer (région deBanco).
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