Phalaenopsis kunstleri (Hook. 1890)
 
Phalaenopsis de Kunstler qui le collecta à Perak

Origine
: Péninsule malaise (Johore, Perak), Myanmar (État Chin).
Description originale et articles divers ici

Synonymes principaux

Phalaenopsis fuscata var.kunstleri (orchid review 1967)

Polychilos kunstleri (Shim 1982)

Description
     Plante épiphyte à tige courte complètement recouverte par l'imbrication de la base des feuilles.
     Racines charnues, souples, glabres.
     Feuillage peu abondant, 2 à 4 feuilles brillantes, charnues, pendantes obovales ou oblancéolées, rarement oblongues-elliptiques, aiguës ou presque arrondies, de 10 à 25 cm. de long ,sur 4 à 8 cm. de largePédoncule arqué, parfois presque érigé, simple ou rarement branchu, deux fois plus long que le feuillage, au rachis court en zigzag. Bractées ovales-triangulaires, cucullées, aiguës longues de 4 à 5 mm.
     Fleur charnue aux segments bien étalés, de 3,5 à 4 cm. Sépale dorsal obovale ou elliptique, obtus ou légèrement émarginé, légèrement caréné dorsalement prés de l'apex, bords révolutés.

     Sépales latéraux similaires au sépale dorsal, un peu plus larges et plus nettement carénés au revers, à bords très révolutés. Pétales elliptiques à extrémité arrondie.
    Labelle deux fois plus court que les sépales, trilobé, charnu. Lobes latéraux sub-quadrangulaires, falciformes, à apex obliquement tronqué, agrémentés d'un callus vers leur milieu. Lobe médian sub-orbiculaire, arrondi à l'apex, plat ou légèrement concave, avec une carène médiane proéminente et charnue. Disque entre les lobes latéraux orné d'une paire de crêtes charnues divergentes. Devant celles-ci il y a un callus bidenté situé à la jonction des lobes latéraux et du lobe médian.
    Colonne très charnue, très courte, étranglée en son centre, au pied très trapu.
    Pédicelle de 2 cm.

Colonne de Phal.kunstleri (Sweet)
Labelle de Phalaenopsis kunstleri (Sweet)
A gauche: détail du labelle de Phalaenopsis kunstleri dans le Curtis's Botanical Magazine. Remarquer l'absence du pied de la colonne.
Observations
 

Segments jaunes à jaune verdâtre, avec de larges taches d'un brun plus ou moins foncé. Labelle jaune avec une ou deux stries longitudinales brun clair de part et d'autre de la carène centrale. Floraison estivale.
Très similaire au Phalaenopsis fuscata. Seuls quelques détails du labelle difficiles à apprécier et la longueur de la colonne permettent de distinguer ses deux espèces que plusieurs botanistes considèrent comme une seule et même espèce.
La carène charnue située à la partie inférieure de la colonne sous la cavité stigmatique aboutit à cette cavité stigmatique chez Phalaenopsis kunstleri alors qu'elle disparaît avant cette cavité chez Phalaenopsis fuscata.
Le cal bifide situé le plus en arrière montre une rainure bien nette et les deux parties de ce cal restent parallèles chez Phalaenopsis kunstleri alors que chez Phalaenopsis fuscata les extrémités de ce cal bifide sont très nettement divergentes.
Le lobe médian du labelle est nettement arrondi chez Phalaenopsis kunstleri et la partie postérieure de la carène médiane est plus proéminente.

On peut aussi remarquer que les lieux de collecte de Phalaenopsis kunstleri sont distants de 2 000 kilomètres et qu'aucune plante n'a été trouvée entre les deux. Les climats sont très différents. La région birmane dispose plutôt d'un climat frais et d'hivers secs, alors que l'on note peu de variations saisonnières en Malaisie, avec une température plus élevée et des pluies abondantes toute l'année. Cependant, la ville de Malaisie qui sert de référence pour la collecte de ces plantes (Ipoh, capitale de l'état de Perak) est néanmoins entourés sur trois côtés de montagnes culminant à plus de 1800 mètres, ce qui laisse à penser que cette espèce est plutôt d'altitude et qu'elle préfère des températures un peu plus fraîches que les autres phalaenopsis.
Les vrais Phalaenopsis kunstleri sont rares en culture et une grande confusion existe du côtè des étiquettes avec Phalaenopsis fuscata.

 
Historique
 
Nommé en l'honneur de Hermann H.Kunstler, collecteur professionnel pour le compte de Sir George King.
Hooker fit la description de cette espèce à partir de fleurs sèches envoyée par King et d'un dessin de la plante entière plus tard édité dans " A Century of Indian Orchids ". Les plantes de cette espèce ont été introduites en culture en 1899 par Curtis, directeur des Jardins et Forêts de Penang, et, la première floraison européenne eut lieu chez Sir Trevor Lawrence de Burford Lodge dans le Surrey en avril 1902 ; c'est cette plante qui fut représentée dans " Curtis Botanical Magazine " en 1903. Dans " Enumeration of the Orchidaceae of Sumatra and neighbouring islands ", J.J. Smith a réuni Phalaenopsis kunstleri avec Phalaenopsis fuscata dans une même espèce, mais il ne fut pas suivi.
Il convient de signaler que quelques uns des échantillons de Kunstler furent mal étiquettés lorsqu'ils parvinrent au Jardin Botanique de Calcutta. Ainsi des plantes collectées dans la règion de Kinta, état de Perak, furent étiquettées comme provenant de Larut une autre ville du même état mais distante de quelques kilomètres et quelques plantes collectées dans l'état de Selangor, donc beaucoup plus au sud, furent classifiées comme venant de Perak.

Voir quelques commentaires sur cette espèce dans le numéro 152 d'août 1905 de l'Orchid Review.
On trouve trace d'un hybride naturel entre Phalaenopsis kunstleri et Phalaenopsis sumatrana dans le " Gardens' Bulletin, Straits Settlements " avec une note détaillée de Burkill qui évoquait une plante apportée au Jardin Botanique de Singapour, en provenance du nord de la péninsule malaise, parmi un lot de Phalaenopsis sumatrana et qui montrait des fleurs aux caractères intermédiaires entre les deux espèces, c'est à dire une coloration semblable à celle de Phalaenopsis kunstleri mais avec la morphologie d'un Phalaenopsis sumatrana. Cet hybride naturel n'a pas été formellement décrit et nommé ; il n'a pas été non plus reproduit artificiellement jusqu'à maintenant.
KUNSTLER JACOB HEINRICH HERMANN (1837-1887)
Botaniste et entomologiste allemand originaire de la région de Magdebourg ce fils de boucher montra à un âge précoce des prédispositions pour les sciences naturelles et étudia la botanique avec un zèle particulier. A 16 ans Il quitte secrètement la maison de ses parents pour travailler à Hambourg et de là s'embarquer sur le voilier 'Susanne' de l'armateur Johann Cesar Godeffroy. Parvenu en Australie il travaille d'abord dans une mine d'or vers Brisbane mais profite de tous ses moments de liberté pour herboriser et capturer des insectes qu'il vend. En 1866 il a déjà acquis une bonne réputation et travaille comme assistant pour Amalie Dietrich une naturaliste allemande qui passa dix ans à récolter des spécimens pour le Muséum Godeffroy d'Hambourg. En 1877 il travaille aussi comme taxidermiste. Il fut engagé entre 1880 et 1886 comme collecteur pour le Jardin Botanique de Calcutta sur recommandation de Hugh Low et commença immédiatement à prospecter les environs de Singapour. Il explora les états de Penang, de Kedah ainsi que d'autres parties de la péninsule malaise mais travailla surtout à Perak. Les plantes qu'il ramenait était souvent étiquetées "King's collector" et il avait engagé d'autres collecteurs qui travaillaient pour lui.
Epuisé il voulut retourner en Australie mais mourut en cours de route à bord du vapeur 'Sirsa'. Il fut enterré à Penang.
Si vous voulez en savoir plus sur Kunstler vous pouvez consulter sa notice nécrologique (en allemand) issue de Berliner entomologische Zeitschrift / herausgegeben von dem Entomologischen Verein in Berlin en 1887.
 
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Evolution moyenne des températures, de la pluviométrie et de l'humidité relative en Malaisie à une cinquantaine de mètres d'altitude (région de Ipoh)
 
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