"Bouturage" in vitro
 

     La première multiplication clonale d'orchidée a été obtenue en 1949 par Gavino Rotor*. En dépit d'un taux de réussite de 89%, sa méthode in-vitro employant le milieu C de Knudson ne trouva aucune application. Cette première méthode a subi depuis de nombreuses modifications et le commerce offre des produits spécialement préparés donnant des résultats très variables selon les clones multipliés. Il importe de choisir dans tous les cas des hampes florales vigoureuses avec des bourgeons non apparents, c'est du moins l'avis de la majorité des auteurs, d'autres préférant travailler avec des tiges portant quelques fleurs épanouies.
    
Gavino Rotor a pour cela utilisé comme matériel de départ une hampe florale de Phalaenopsis et du milieu C de Knudson. Il a lui-même décrit sa méthode comme suit :
    
« Après que les fleurs aient été retirées, la hampe florale est rincée à l'eau, puis à l'eau distillée. Les bractées couvrant les bourgeons sont retirées. Chaque bourgeon est prélevé avec une partie de la hampe florale, 2 cm au-dessus, 2 cm au -dessous. Normalement, 1 ou 2 noeuds de la base de la tige sont dépourvus de bourgeon.Ils sont écartés. La partie supérieure qui porte les fleurs est aussi inutilisable. Entre 4 et 6 bourgeons sont ainsi récupérés**.
    
Les fragments de tige sont stérilisés à l'hypochlorite de calcium. On prépare la même solution que pour la désinfection des semences d'orchidées (7 gr d'hypochorite pour 100 ml d'eau distillée, agiter vigoureusement à intervales pendant 5 ou 10 minutes, decanter et filtrer). L'immersion dure de 2 à 5 minutes***.
    
Quelquefois la croissance ne se manifeste pas avant deux mois. En général les bourgeons les plus forts donnent les meilleurs résultats. Sur 65 bourgeons cultivés, 7 n'ont rien donné. Les racines apparaissent quand deux ou trois feuilles se sont développées.»
    
L'habitude a été prise de tamponner les fragments de tige avec un coton imbibé d'alcool à 95%. Après 20 minutes, la solution de NaOCl est remplacée par de l'eau stérilisée. Il faut au moins faire trois rinçages. Les fragments de tiges sont conservés ou non dans l'eau jusqu'au moment d'être recoupés pour la plantation. On ne conserve que des sections de 1 à 2 cm avec évidemment le bourgeon au milieu. Une température de 25 à 30°c favorise la croissance. Le milieu C de Knudson, ainsi que les milieux en usage pour les semis, sont utilisables. Rotor posait ses tiges sur le milieu de culture, on préfère maintenant les planter verticalement tout en laissant les bourgeons en dehors du mélange. Rotor a obtenu une croissance active après deux semaines.
    
Les conditions de conservation des cultures sont assez simples à réunir : Une température de l'ordre de 22 à 25°c, un local sain, et un éclairage fourni par un néon de type grow-lux conviennent tout à fait. Plusieurs évolutions sont possibles en fonction des plantes multipliées, mais aussi de l'époque du prélévement. Voir les différentes possibilités en cliquant ici.

 
 

     Quelques améliorations ont été apportées au modèle de base. Ainsi, l'enrichissement du milieu de Knudson avec 25 à125 ppm de BAP (Benzylaminopurine) permet l'obtention de plusieurs plantules à partir d'un même bourgeon. On observe le développement de plusieurs pousses en deux ou trois mois. Les racines se forment plus tard lorsque l'on transporte les plantules sur le même milieu, sans hormones, et contenant de la banane fraîche ou sous forme de farine.
     On peut utiliser différents types de récipients en verre pour effectuer la plantation, Erlenmeyer, tubes à essais, flacons à plasma etc... Ceux-ci doivent être remplis au ¼ de leur capacité environ de milieu de culture.
     Il faut utiliser des tiges développées de préférence et choisir les bourgeons dormant situés à la partie supérieure. Généralement, les résultats obtenus ainsi sont meilleurs.
     Un autre procédé de désinfection consiste, dans un premier temps, à stériliser les fragments de tiges 20 minutes dans une solution à 1 % d'hypochlorite de sodium, en agitant périodiquement.

Ci-dessus, mise en culture récente d'un fragment de hampe florale. Le bourgeon commence sa croissance.
 

     Après plusieurs rinçages à l'eau stérile, les fragments de tiges sont placés dans des boites de Pétri, et, alors seulement, on retire les bractées en utilisant une lame stérile. Les fragments de tiges sont alors redésinfectés dans une solution à 0,5 % d'hypochlorite, et agité périodiquement, pendant 10 minutes. Pour les rinçages suivant on utilise de l'eau distillée stérilisée.

* Il faut noter que Gavino Rotor peut être considéré comme le véritable père du clonage in-vitro des orchidées. Son compte-rendu d'expérience est paru en 1949 dans le bulletin de la Société Américaine d'Orchidophilie ( pages 738-739). Il est totalement passé inaperçu pour les professionnels. Gavino Rotor était alors un éléve de Knudson.

**Cette méthode est toujours valable, mais on prélève des bourgeons de préférence avant l'épanouissement des fleurs.

***Une immersion de 2 à 5 minutes est probablement trop courte pour décontaminer complètement. Quinze à 20 minutes constituent une durée plus appropriée. L'hypochlorite de sodium (NaOCl) à 20 ml pour 100 ml d'eau est maintenant plus fréquemment utilisé.

 
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