MARIUS PORTE (1814-1866)
-INTRODUCTION DE PHALAENOPSIS SCHILLERIANA-
 
     Une raison peut-être pourrait expliquer l'oubli : Porte était raide ; contrairement à tant d'autres, il marchait debout, et jamais il n'a su composer sa figure ni son langage pour l'approprier aux circonstances. Jean Baptiste Houllet, chef des serres au Museum d'Histoire Naturelle, dans un article sur Portea kermesina, Revue Horticole 1870/1871.
 
     Marius Porte est un botaniste, conchyliologiste et paléontologiste français oublié aujourd'hui. Natif de Marseille il partit dès 1834 explorer les pays tropicaux et demeura au Brésil jusqu'en 1859 avant de parcourir une partie du sud-est asiatique avec Bornéo, Singapour et les Philippines.
      C'est au français Pinel de Nova Friburgo non loin de Rio de Janeiro et à Marius Porte alors installé à Bahia que les rares horticulteurs français qui s'intéressaient aux orchidées dans la première moitié du XIXème siècle doivent d'avoir reçu les premières plantes qui ne passaient pas par l'Angleterre. Les frères Cels, Morel, Thibaut & Keteleer profitèrent de leurs envois autant que le Museum d'Histoire Naturelle de Paris et Jean-Pierre Pescatore.
     
Marius Porte a écrit quelques pages dans le Journal de la Société Impériale d'Horticulture en 1861 sous le titre Notes sur quelques Orchidées. Il y évoque, entre autres plantes, trois espèces de Phalaenopsis qu'il a pu observer aux Philippines :
     " Le Phalaenopsis amabilis, dans les îles Philippines, habite les petites et grandes forêts des localités où la saison de la sécheresse est plus ou moins régulière ; mais on ne le rencontre jamais dans les forêts sombres et constamment humides. Cette plante aime la position horizontale, et vit contre le tronc des grands arbres plutôt que sur leurs branches. Là, elle se dirige horizontalement, avec les feuilles étalées et celles du bas pendantes ; la hampe seule s'élève verticalement.
     
Le Phalaenopsis schilleriana se trouve à peu près dans les mêmes conditions, si ce n'est qu'il habite ordinairement sur les versants des montagnes, à une altitude de trois ou quatre cents mètres. Cette plante, comme le Ph. amabilis, préfère la partie élevée du tronc des grands arbres. Température, 20 à 32 degrés.
     Le Phalaenopsis rosea ou equestris vit en épiphyte sur les arbres de la forêt basse des bords de la mer. Cette plante supporte la chaleur sèche et le grand soleil mieux que les deux autres espèces. Mais, en général, tous les Phalaenopsis s'habituent plus facilement à rester exposés une partie de la journée au soleil qu'à vivre dans la forêt sombre et humide. Température, 18 à 34 degrés pour le Ph. rosea. "
Cet article à été ensuite repris plus ou moins partiellement dans plusieurs revues et livres dont L'Illustration Horticole en 1863.
     Marius Porte envoya de nombreuses plantes au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris mais aussi à Charles Morel, un des rares amateurs qui cultivait alors des orchidées en France et auteur du premier traité en français sur les orchidées en 1855. Il travaillait aussi avec d'autres horticulteurs établis à Paris et collecta aussi des plantes pour Linden au Brésil et aux Philippines (1856-1861). Marius porte était membre correspondant de la Société Impériale et Centrale, il y était inscrit comme : "voyageur-botaniste, chez M. Houllet, rue Cuvier, 57, à Paris "
     A l'instigation d'Auguste Rivière, directeur du Jardin botanique de l'école de médecine, futur Jardin du Luxembourg, Marius Porte expérimenta en 1855 le transport de plantes emballées dans du sphagnum. Cette technique lui permit de ramener au Brésil des plantes de camelias et d'orchidées et d'exporter en Europe des plantes diverses pour Linden.
     D'après Boyle (About Orchids 1893), Marius Porte a donné son nom à une variété de Phalaenopsis x intermedia, le Phalaenopsis x intermedia var. porteri qui est pour une bonne part à l'origine des phalaenopsis hybrides blancs à labelle coloré. Cette plante a été décrite comme suit dans " Le Journal des Orchidées " de janvier 1896 :
      " Le Phalaenopsis intermedia, et plus particulièrement sa variété Portei , est une des plus belles et des plus rares Orchidées de ce genre si remarquable. Son introduction des îles Philippines remonte, je crois, à 1867. Il se cultive, comme le Phalaenopsis amabilis et le Phalaenopsis Schilleriana, dans la haute serre chaude, un peu à l'étouffée, avec beaucoup d'humidité et de jour. Il réussit bien en pot, sur bloc, ou en panier, mais je préfère cette dernière méthode. Les racines sortent en grand nombre du compost et s'enroulent autour des baguettes ; elles ont ainsi beaucoup d'air, ce qui est indispensable, mais il faut, pour que la plante pousse bien, qu'elles trouvent aussi dans l'atmosphère beaucoup de vapeur d'eau. " En 1923, Guillaumin dans un article de la Revue Horticole fait remonter l'introduction de Phalaenopsis intermedia var. Portei à 1865.
      Chaque vente de Phalaenopsis intermedia var. porteri, plante très recherchée par les collectionneurs, était annoncée par voie de presse et, par exemple, en 1884 un sujet pouvait se négocier pour l'équivalent de plus de 2000 euros. Souvent mentionnée dans la littérature du XIXième siècle, Phalaenopsis intermedia var. porteri, était presqu'invariablement accompagné de l'adjectif " rare ".
     
 Porte est cité par Veitch dans Hortus Veitchii dans son article à propos de Phalaenopsisx intermedia. Il reporte que cette plante fut introduite par Thomas Lobb en 1852 dans un lot de Phalaenopsis aphrodite et que Marius Porte en envoya deux exemplaires différents un peu plus tard à Warner. Il fallut ensuite attendre une trentaine d'années pour que cet hybride naturel soit de nouveau envoyé en Europe, chez Low cette fois.
     Marius Porte est aussi cité de nombreuses fois dans la littérature spécialisée française et belge de la fin du XIXe siècle. Le Comte Du Buysson le nomme plusieurs fois dans l'un des premiers ouvrages en français consacrés à la culture des orchidées l'Orchidophile en 1878.

NOTICE SUR MARIUS PORTE, La Belgique horticole 1869
Litographie accompagnant la description de Miltonia moreliana par Achille Richard dans le Portefeuille des Horticulteurs 2: 38 en 1848. Cette plante avait été envoyée par Marius Porte à Charles Morel alors établi rue Porte Foin à Paris.
Extrait du Journal de la Société Impériale et Centrale d'Horticulture de 1866 relatant le décès de Marius Porte
 
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